Nous avons suivi deux espèces de chauves-souris en télémetrie durant ces dernières semaines.
Pour le projet de Teague sur le transfert de l'information entre chauves-souris, nous avons suivi Uroderma bilobatum, une petite chauve-souris se nourrisant de figures. Pendant 10 jours, nous avons suivi entre deux et quatre animaux entre 19 heures-5 heures pour en savoir plus sur leurs sites d''alimentation et savoir si les chauves-souris cherchaient leur nourriture ensemble. Deux de nos chauves-souris semblent s'être alimenter sur le même figuier, des études complémentaires sont nécessaires pour prouver ces observations. En parallèle, nous avons suivi une colonie de 11 Molossus molossus - l'espèce modèle de mon doctorat. Le but de cette étude était d'en apprendre plus sur la chasse en groupe chez cette espèce. Malheureusement, tous les colliers avec les émetteurs ont été enlevés par les animaux au bout de 2 jours. Nous avons réalisé des tests additionels de colliers en captivité sans grand succès. Faute de collier approprié, nous avons du annuler la session de télémétrie. Le programme du mois restant est maintenant dédié à de la collecte de données et aussi quelques analyses de données.
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Cela fait déjà plus d'une semaine que je suis installé à Gamboa pour la troisième saison de terrain de ma thèse.
Je suis accompagné de Matthieu Ménage, un français passionné de chauves-souris, pour m'aider sur le terrain. Nous avons eu un programme chargé ces derniers jours avec des nuits de capture sur plusieurs colonies de mes chauves-souris pour insérer de transpondeurs (PIT-tags) et prélever l'ADN. Nous avons également installé deux systèmes automatiques de suivi des chauves-souris (utilisation individuelle du gîte, temps de départ et retour de la chasse, gain de poids). Le programme de ces derniers jours était dédié à des essais de colliers. Habituellement pour le suivi télémétrique, les animaux sont équipés de radio-émetteurs collés sur la fourrure du dos. Cette procédure n'est cependant pas idéale car mon espèce de chauve-souris arrive quelquefois à s'arracher l'émetteur. Nous sommes en train d'élaborer, avec les conseils de Teague, des colliers faits à la main pour installer les émetteurs sans le coller sur la fourrure. Nous avons réalisé des tests sur des individus en captivité, gardés quelques jours dans des petites tentes et nourris à la main par des vers de farine. La conception des colliers est prometteuse mais nécessite des tests supplémentaires. Je repars pour une troisième saison dans le village de Gamboa au Panama la semaine prochaine. Au programme: poursuite de la collecte de données sur mon espèce modèle du doctorat: Molossus molossus. Et une mission de terrain, ça ne s'improvise pas !
Comme pour tous les voyages, j'organise pour moi et mon assistant le logement et les transports (avion, train, taxi...). Avec mon assistant breton, nous allons résider dans des appartements mis à disposition par l'institut d'accueil, le Smithsonian Tropical Research Institute. Ces résidences se situent dans le village, à proximité de mes gîtes de chauves-souris. Pour effectuer mes recherches en toute légalité, des permis de collecte des échantillons (peau, guano) doivent être rédigés en espagnol, envoyés aux autorités panaméennes avant vérification. A l'approche de mon départ, je devrais envoyer un compte-rendu de mes collectes et demander un permis d'exportation pour pouvoir ramener les échantillons collectés en Allemagne. Et pour compléter l'organisation du terrain, rien ne doit être laissé au hasard dans la préparation du matériel. Vérification des filets, préparation du matériel de télémétrie, test des appareils électroniques, préparation du matériel pour la collecte d'échantillons...la liste est longue ! Et avant de partir, je peaufine mon programme à venir pour ces 11 semaines sur le terrain. Captures, prélèvements d'échantillons, radio-tracking... Plus de nouvelles quand je serai sur le terrain ! Pour mon terrain de doctorat au Panama, j"utilise une grande variété d'outils pour mesurer, transponder et échantillonner les chauves-souris que j'attrape, souvent avec l'aide d'assistants sur le terrain ou des collègues. J'utilise en général 7 outils, décrits ici et montré sur la photo ci-dessous. 1. Le premier outil est une balance utilisée pour mesurer le poids de la chauve-souris (l'animal est placé dans un sac en tissus). Cette caractéristique donne une bonne idée de l'âge de la chauve-souris ou si elle a mangé. Par example, un individu de Molossus molossus pèse environ 10g espèces et peut peser 3 à 4 grammes de plus après avoir mangé. 1. Le second outil est un pied à coulisse, qui sert à mesurer la longueur de l'avant-bras. Cette measure est souvent utilisée pour différencier les différentes espèces de chauves-souris. 3. Les troisième et quatrième outils sont un injecteur de transpondeur manuel équipé d'une aiguille. L'aiguille contient le transpondeur qui sera rapidement injecté sous la peau chauve-souris de la chauve-souris. Il s'agit d'une opération délicate, mais je me suis entraîné et je procède rapidement. Le transpondeur - qui possède un numéro d'identification individuel - sera injecté une fois et ce pour toute la vie de la chauve-souris. Une fois que le transpondeur est inséré, je vérifie le numéro de transpondeur avec une lecteur de transpondeur manuel. 4. Pour prélever l'ADN, j'utilise un poinçon. Cet outil est constitué d'un anneau métallique de 3 mm de diamètre monté sur un tube en plastique. L'ADN est prélevé sur la membrane de l'aile, le "wingpunch" est ensuite stocké dans un petit tube d''éthanol. L'échantillonnage sur la membrane de l'aile est idéal car cette partie du corps contient beaucoup d'ADN et la cicatrisation est très rapide (environ 2 semaines). Une autre histoire commence après l'exportation des échantillons, l'extraction de l'ADN en laboratoire et bien sûr les analyses ... Merci à Hyuen-Ji Lee pour le cliché :).
PS: Tous ces manipulations et prélévements sont bien sûrs réalisés avec les autorisations adéquates du gouvernement de Panama. La semaine dernière a été assez intense avec trois réunions différentes !
La première réunion a été mon comité de thèse avec mes conseillers. Un an après le début de ma thèse, cette réunion avait pour but de parler des accomplissements, d'identifier les faiblesses et de discuter du programme de l'année prochaine. Le principal conseil (utile pour moi, mais tous les étudiants en général) - ne négligez pas la lecture des journaux et des livres ...Avec toutes les autres tâches (travail sur le terrain, logistique ...), cette tâche peut-être facilement mise de côté. La deuxième réunion était une sorte de remue-méninges. Avec des collègues de l'Institut Max Planck d'ornithologie, nous avons discuté des données des systèmes automatisés de balance que j'ai installés au Panama. Les discussions m'ont aidé à obtenir des conseils intéressants sur la façon d'analyser mes données et d'extraire l'information essentielle. Dans les prochaines semaines, je vais essayer d'avancer sur ces analyses automatisées. Pour finir, la troisième réunion portait sur la session tracking qui aura lieu au printemps 2013. Cette session réunira le terrain le suivi des Molossus molossus et Uroderma bilobatum pour comprendre la recherche de chasse coopérative chez ces deux espèces. La réunion avait pour but de parler des méthodes et de la logistique. Un billet de blog (au moins) à ce sujet sera posté ici au printemps prochain :). C'est le titre d'un article de Pierre Barthélémy, publié dans le journal "Le Monde".
Une bonne introduction à la recherche scientifique pour les novices ! Et pour rappel, j'ai déjà participé à deux publications scientifiques grâce à mon terrain en Irlande, disponibles sur mon site à cette adresse :). Une année s'est écoulée depuis que j'ai commencé mon doctorat.
Une grande partie de mon temps et de mon énergie s'est concentré dans cette saison sur le terrain (mi-Mars jusqu'à fin Juillet) dans le village de Gamboa au Panama. Le but de cette expédition était d'attraper les chauves-souris de plusieurs colonies de mon espèce modèle - Molossus molossus - afin de les équiper avec des transpondeurs. Après de nombreuses heures de coupe de bois et de contrôle vidéo, j'ai réussi à installer trois balances automatiques qui détectent l'activité individuelle des chauves-souris par leurs transpondeurs. Un contact à Gamboa m'envoie par courriel les données sur une base hebdomadaire. Et mon programme actuel pour les semaines à venir est d'essayer d'extraire la meilleure information de cette grande source de données. Je travaille aussi à l'écriture de l'introduction pour mon doctorat - en parallèle avec l'organisation du terrain our la session de Novembre-Décembre (6 semaines) et la session de télémétrie à venir au printemps 2013... Restez à l'écoute :). Pour cette dernière nuit de terrain de ma saison 2012, j'ai accompagné 3 collègues de travail du labo de Rachel Page
- May, Jessie et Wouter - pour une soirée de capture à essayer d'attraper Trachops cirrhosus, la chauve-souris mangeuse de grenouilles. Cette espèce modèle est utilisée dans le labo pour des études expérimentales. Nous avons attrapé un individu de l'espèce, un jeune attrapé quelques semaines auparavant. Lors de sa première capture, la chauve-souris avait été équipée avec un transpondeur sous-cutané (PIT tag) qui a permis la reconnaissance de l'animal à l'aide d'un lecteur de transpondeurs manuel. La capture de Phyllostomus hastatus, une chauve-souris se nourissant de plantes, fut la grande surprise de la soirée. Cette espèce est l'une des plus grandes rencontrée dans les tropiques américaines. C'est aussi une espèce modèle dans l'étude de la socialité des chauves-souris. Nous avons aussi attrapé d'autres espèces, plusieurs individus d'Artibeus jamaicensis et deux individus de Pteronotus parnellii, une chauve-souris appartenant à une espèce que je n'ai jamaie vue. Les deux animaux de sont malheureusement échappés du filet avant que je ne puisse les voir, ce sera pour une prochaine session de terrain ! Un petit article sur les PIT tags a été publié dans la newsletter de STRI du mois de Juin. Ma directrice de thèse et moi utilisons cette technologie pour reconnaître les chauves-souris marquées, soit à l'aide d'un lecteur de transpondeur manuel
soit à travers les balances automatiques que j'ai installées à Gamboa. Ci-dessous une traduction de l'article. "Comment peut-on suivre les allées et venues des chauves-souris, oiseaux, grenouilles et autres animaux? A l'aide d'un "PIT tag" de la taille d'un grain de riz injecté sous la peau, il est possible d'identifier les individus en utilisant un lecteur de transpondeurs manuel. Ces balises à transpondeur passif intégré sont composées d'une petite capsule de verre contenant des bobines électromagnétiques agissent comme un récepteur / émetteur combiné. Lorsqu'elles sont déclenchées par un signal d'interrogation, l'antenne dans la balise utilise la tension générée par le signal pour rayonner un champ magnétique alternatif codé avec un numéro d'identification unique. Cette technologie a été développée dans les années 1940 pour distinguer les avions amis des avions ennemis. Le même concept vous permet d'ouvrir une porte en agitant une carte devant un lecteur. Depuis les années 1980, les PIT tags ont été utilisés pour surveiller les populations de poissons et identifier les animaux de zoo et animaux de compagnie. La technologie d'identification par radiofréquence à l'aide de PIT tags permit aussi le suivi des marchandises dans la chaîne d'approvisionnement mondiale. Ce PIT tag de sept millimètres de long coûte un peu moins de 5,00$ par unité." Lundi de la semaine passée, j'ai eu la chance de présenter
un exposé sur les chauves-souris aux enfants de l'école maternelle de Gamboa. Mon exposé - "la vie secrète des chauves-souris" - était composé de 3 parties: - Où vivent les chauves-souris? - Que mangent les chauves-souris? - Pourquoi les chauves-souris sont nos amies? Avant de présenter quelques diapositives pour chaque partie, j'ai questionné les enfants pour tester leurs connaissances. Un enfant m'a réponde "grenouille!" à la question sur le régime alimentaire. Il avait probablement entendu parler des travaux du laboratoire de Rachel Page - mon laboratoire d'accueil à Gamboa - qui étudie la seule espèce connue dans le monde pour manger des grenouilles: Trachops cirrhosus. J'ai terminé ma présentation en parlant du vol et de l'écholocation sur les chauves-souris avec une peluche comme support. Une première pour moi avec un public si jeune, à refaire très certainement! Yann |
AuteurNotes sur la vie d'un thésard à l'étranger, pour la famille, les amis et tous les curieux :) ! Archives
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